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The Pan African Music Magazine
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Baloji : 64 bits and Malachite

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64 Bits & Malachite, un album rap atypique 

Une pépite tout droit sortie des mines du roi Baloji. 64 bits & Malachite, son titre, résume bien le style de cet atypique rappeur, dont les pieds sont ancrés dans la terre rouge des mines du Congo, et la tête dans les sphères mondialisées du digital.

Né à Lubumbashi, dans la région minière du Katanga, coffre-fort de la RD Congo, Baloji est bien le fils des « mangeurs de cuivre », ces populations qui depuis plusieurs siècles fouillent les entrailles de la terre à la recherche du cuivre, dont la malachite – pierre précieuse- est bourrée. Après une enfance belge qui lui fait explorer les couloirs de l’errance, ses débuts et premiers succès avec le groupe de rap Starflam, celui qui est encore MC Balo quitte la musique. Jusqu’au jour où il reçoit une lettre de sa mère, restée au Congo et plus revue depuis des lustres. Il lui répond en musique, sous la forme d’un premier disque (Hotel Impala, 2008) aussi touchant que magnifique, pétri de soul, de jazz et de grâce. Il retourne au Congo l’offrir à cette mère qui n’existait qu’entre les lignes, et à ce pays déchiré qui hantait ses rêves alimentés par les flash des actualités catastrophe.

Dans les mines du roi Baloji

Mais ce retour est une voix royale qui s’ouvre à lui, celle de la redécouverte des trésors infinis dont regorge le Congo. Pas les minerais que s’arrachent les compagnies du monde entier, faisant couler les dollars dans les poches des dirigeants, et, dans les veines d’un pays fragile, le poison de la corruption. Les mines du Roi Baloji, ce sont celles des rythmes, des mélodies, des voix, et autres incroyables ressources créatives de ce pays-continent. Kinshasa Succursale (2011), son second album est une plongée dans la folie chaotique et créative de la capitale. Il y explore le cousinage entre l’électro et les boucles infinies des likembe de Konono N°1, orchestre tradi-moderne et déjanté de likembé, ces « piano à pouces » présents sous différents noms aux quatre coins du continent.

Il invoque le secours des ancêtres de la rumba et invitant les doyens du groupe culte Zaiko Langa Langa…  fait résonner les voix des chorales chrétiennes qui sortent des églises et participent à l’inimitable son des rues de Kinshasa. L’homme des savoirs occultes (c’est le sens de Baloji) s’ouvre une voix totalement inédite impossible à ranger dans les bacs des vendeurs de disque. Hip-hop, rumba congolaise, électro…  C’est que ses mines, loin de s’épuiser, ne font que lui ouvrir de nouveaux champs à prospecter.

Indépendant tchatcheur

Celui qui a repris et réactualisé le célèbre « Indépendance Cha Cha » de Joseph Kabasele trace dans 64 Bits and Malachite de nouveaux sillons, tout en restant fidèle à ses couleurs. 4 générations de musiciens congolais – dont de somptueux doyens – s’y retrouvent et posent leur riffs et leurs voix sur des beats de house festive, comme dans « Spoiler », le titre qui ouvre ce disque éclectique.


Baloji continue d’y jeter un oeil critique sur les affaires du pays. Unité et Litre raconte ainsi comment – dans un pays en crise – la bière est devenue le meilleur ami de l’homme qui a faim, et le seul recours quotidien quand le Tout Puissant lui même a coupé son portable. A qui se vouer, 
quand le vaste Congo n’a pas, et depuis longtemps connu la paix, et reste traversé de tensions politiques toujours prêtes à exploser ? C’est sur cette situation, que connaissent d’autres pays d’Afrique, que médite Baloji dans « Capture », porté par des nappes synthétiques et des voix éthérées qui évoquent un requiem, chanté par les morts eux-mêmes.

Les chèvres deviennent carnivores
Aux abords des état-majors
Au ministère des impondérables,
pour instaurer une paix durable
Faut choisir entre la paix et la justice
Ou la vengeance des petits-fils

Le titre « 64 Bits », lui, résonne comme un manifeste imbibé d’électro qui n’est pas sans rappeler les délires du Sud-Africain Spoek Mathambo. Baloji y donne, dans un phrasé épileptique, une définition de son art :

Rap post banlieue, hors milieu
c’est la musique du monde, pour ne pas dire musique du tiers monde
On vient de réduire le gap, entre rumba et boomba
64 bits… le ciel est la limite.

Entre le ciel et la terre, entre les bits et la malachite, ce mini album de six titres donne un aperçu du talent de cet incroyable jongleur de mots et de sons, dandy en costume qui continue de creuser, pour sortir de la boue les cailloux dont on fait les pierres précieuses. 

Lire ensuite : Le rappeur Baloji revient avec un nouvel album écorché vif et diablement créatif
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